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Atelier au Lycée de la Joliverie : « Souvenir arc-en-ciel que le soleil ignore »

Quand l’auteur Jean-Luc Raharimanana invite les lycéens de la Joliverie à s’ouvrir à la création, tout est beauté, tout est inspiration. D’un reflet, l’œuvre naît.

Que voit l’artiste ?

Très jeune, Jean-Luc R. écrivait déjà. Au cœur de la grande île, Madagascar, sa terre natale, chaque chose, la plus infime, passait sous sa plume pour se traduire en mots, en phrases, en récits. La passion pour les histoires le brûlait et Jean-Luc R. se perfectionnait en écrivant. Était-il un artiste ? À la fin des années 80, sous la dictature de son pays où pauvreté sévit, toute création était sous surveillance. Liberté réduite mais passion grandissante, textes et poèmes de Jean-Luc R. affluèrent sous sa plume. « J’écrivais ce que la plupart des gens ne voulaient pas voir ». La misère. L’art pour dénoncer ? Que représenter de notre réalité lorsque l’on est artiste ? Nos regards prennent position et pourquoi écrire plutôt que d’agir ? Les yeux voient tout mais notre cerveau choisit de voir ou de ne pas voir. « J’ai accepté de voir des choses qui ne sont pas belles, car ma conscience n’était pas tranquille. » L’auteur questionne : « Quelle est la puissance de l’œuvre pour prétendre à changer les choses, une situation extrême, la pauvreté ? ». La distanciation est évidente, l’auteur montre et décrit, il n’a pas le pouvoir d’agir sur ce qu’il voit et retranscrit. C’est une autre histoire, hors de tout acte de création.

Ceci n’est pas un tableau…

« Voyez-vous le tableau devant vous ? » demande Jean-Luc R.. Bien sûr, ils le voient tous, mais chacun à sa manière. Les descriptions diffèrent. Points de vue, nuages et soleil font varier les impressions et tous ont raison ! Colonnes d’ombres, reflets zébrés, « Chacun voit ce qu’il veut », rappelle l’artiste. La subjectivité prend le dessus, les reflets deviennent peu à peu des mots que l’on immortalise sur feuille et la poésie pose ses ailes sur les auteurs apprentis. Puis les premières phrases jetées s’embellissent, on les travaille jusqu’à y trouver une sonorité, une esthétique particulière, un refrain jusqu’à ne plus vouloir être retouchées. Quand l’œuvre dit stop, il faut pouvoir l’entendre, au risque de lui ajouter ce détail qui la gâche. Mais tout est beauté, tout est inspiration, il suffit de s’en saisir et de sortir de la réalité pour que notre âme la traduise. Silence. Lecture. Elle, au deuxième rang, a bien vu que ceci n’était pas un tableau mais « Un souvenir arc-en-ciel que le soleil ignore ».

Rédaction : Gina Di Orio

Atelier au Collège Debussy : Ecrire avec son corps et ses pensées

10h30, 15 novembre 2013 au collège Debussy où des élèves de 4ème s’apprêtent à composer avec l’auteur Jean-Luc Raharimanana.

La cloche sonne. « Rien sur les tables qu’un stylo » demande Jean-Luc R. Les élèves s’interrogent déjà sur quoi ils vont bien pouvoir écrire. Sur la table ? Patience. Avant d’écrire, il nous faut un brouillon, et quel est ce tout premier brouillon que l’on utilise très souvent sans en être conscient ? Les pensées, pardi ! Mais aussi le corps et ses sens. Difficile de se dire que l’on écrit avec notre odorat, et pourtant. Avons-nous vraiment conscience de tout notre corps ? « Pas vraiment », répondent les élèves. Alors en fermant les yeux, tous se mettent à imaginer un point sur leur corps, un point qui se déplace et finit son voyage dans leurs mains et qu’ils serrent pour ne pas qu’il s’échappe. Est-ce bien là, la matérialisation de notre inspiration ? « Ecrivez une phrase courte dans le brouillon de votre tête et répétez-la toujours dans votre tête ». Le point imaginé s’est posé sur un mot de cette phrase. Une feuille blanche apparaît ‘enfin’ sur leur table. Le mot choisi est alors jeté sur la feuille blanche. Puis, le point choisit une lettre de ce mot, que l’on ancre sur la même page. Place à l’oralité. Dans un ping-pong vocal, les élèves crient leurs mots et leurs lettres en alternance : « Faim – L – Soir – N – Point – i – noirceur – A… » Les mots s’entrechoquent dans une parade, peut-être le début d’une histoire. Aurait-on réussi à capturer et transformer physiquement l’inspiration qui se balade en et hors de nous ? Visible et invisible restent en suspens.

Rédaction : Gina Di Orio