Promenade à vélo sonore

« Il y a dans les sons des paysages, des caractéristiques qui offrent des possibilités mélodiques, harmoniques, spectrales et aussi narratives. Pour cette installation sonore embarquée, je suis allé chercher les idées sur le domaine de Kerguéhennec.

En échangeant avec Marie Caer est apparu le mot « dentelle ». Je l’ai noté sur un carnet et mon esprit s’est mis à papillonner. J’ai projeté l’élégance, la complexité, le charme mais aussi la répétition et la variation des mailles qui me confortaient dans l’intention d’utiliser le cycle dans la composition. J’ai aussi pensé aux coiffes bretonnes, à ce savoir-faire traditionnel qui se transmet dans les familles. Alors j’ai voulu expérimenter cette pratique du crochet, avec l’intuition que dans cette danse des doigts j’allais trouver quelque chose à traduire musicalement. Sur le domaine, j’ai commencé à voir de la dentelle dans tout : les ailes d’une libellule, la toile d’une araignée, les nervures d’une feuille, les reflets projetés sur l’eau du lac, les nuages dans le ciel… Cette dentelle était aussi sonore, par exemple dans le chant des oiseaux et des insectes que j’ai commencé à relever et que j’ai ensuite intégré dans mes partitions. Évidemment, la roue, la mécanique et le pédalage se sont invités dans mes recherches du « tourner en rond ».

Dans les différents haut-parleurs, j’ai associé de façon aléatoire des phonographies de Kerguéhennec, des voix enregistrées de textes ou de personnes que j’ai rencontrées et une quinzaine de courtes compositions instrumentales aux titres évocateurs : Grillons tristes, Petit bain, Un merle, Contre la montre, Les rayons volent, Frog 3-4 times, Insecte à une note et un rythme,… » _ Christophe Havard, juillet 2022